Vancouver dans la presse


Voici quelques écrits sur Vancouver qui ont été publié dans la presse francophone durant ces dernières années. Ces textes ont été choisis pour leurs qualités et leurs pertinences!


Spectacular by nature
Welcome to Vancouver, vantée par l'office de tourisme comme une ville " spectacular by nature ". Difficile de contredire ce cliché qui colle à l'image du Canada comme la baguette et le béret pourraient être attachés à celle de notre beau pays. Il est vrai que l'on est saisi immédiatement par la beauté du site dans lequel se niche cette agglomération de 2 millions d'habitants. Lire la suite...

Vancouver : Welcome to "nature-city"
Une fin d’après-midi de mars à Vancouver... Depuis mon balcon, j’aperçois les plages d’English Bay et, de l’autre côté de la crique, celles de l’Université. Plus à l’ouest, on distingue les côtes de l’Ile de Vancouver. Et à droite, la sombre silouhette des arbres de Stanley Park se découpe sur fond de montagnes enneigées. Une chose est sûre : le premier avantage de Vancouver, c’est son site. Lire la suite...

L'ouest canadien veut des immigrés, toujours plus d'immigrés...
Une chaîne de restauration rapide offrant un iPod et une bourse d'études pour attirer des serveurs ; des électriciens payés 170 000 dollars canadiens par an, des camionneurs gagnant autant que des ingénieurs... Dans l'Ouest canadien, on manque de main-d'oeuvre ! Lire la suite...

Vancouver : "Vivre zen à lotusland"
Plébiscitée par les expatriés, la sixième ville du Canada attire une élite branchée et écolo. Bienvenue dans l'Amérique cool. Cinq heures du matin, le soleil se lève sur Vancouver. Au coeur du quartier des affaires, un homme en short et tee-shirt avance paisiblement entre les buildings, glisse un regard vers les jets d'eau de Robson Square. Lire la suite...

Vancouver vue par Claude
Hébétée par 10 heures d'avion et préoccupée par la récupération des bagages et à héler un taxi jaune, je n'ai commencé à regarder autour de moi que bien calée dans mon taxi qui de Vancouver Sud où se trouve l'aéroport se dirigeait vers Vancouver la ville que vous apercevez soudain dans toute sa splendeur en haut d'une cote et là, c'est le choc ! Lire la suite...

Expatriés, sachez bien choisir votre ville
Même sous la pluie et par grand vent, Vancouver est la ville la plus agréable pour les expatriés. Viennent ensuite Auckland, Toronto, Zurich et Genève. Corporate Resources Group, un cabinet suisse, a établi un classement de 192 villes. Lire la suite...

Christiane, dans la jungle des preschools à Vancouver
Christiane se retrouve à la fin du mois d'août dernier, tout juste débarquée à Vancouver (Colombie Britannique-Canada) avec toute sa petite famille en provenance de Lyon. Expatriation prévue d'environ 18 mois. Survient alors une problématique de taille : quelle scolarité pour Tom, son fils de 4 ans ? Lire la suite...

Les ambitions pacifiques de Vancouver
Loin des clichés une cité douce à vivre, harmonieuse dans son architecture et accueillante aux étrangers Vancouver, à l’instar d’autres métropoles d’Amérique du Nord, regarde de plus en plus vers le Pacifique et se développe dans un certain désordre. Capitale de la Colombie-Britannique, la ville déborde d’activités, mise sur les technologies du futur, et a vu sa population doubler en l’espace de quinze ans. Lire la suite...




Spectacular by nature
Welcome to Vancouver, vantée par l'office de tourisme comme une ville " spectacular by nature ". Difficile de contredire ce cliché qui colle à l'image du Canada comme la baguette et le béret pourraient être attachés à celle de notre beau pays. Il est vrai que l'on est saisi immédiatement par la beauté du site dans lequel se niche cette agglomération de 2 millions d'habitants. Les buildings rutilants sont cernés par les eaux bleues et calmes du Pacifique, les cimes enneigées 5 mois par an dominent par leur majesté des gratte-ciel devenus soudainement bien petits tandis que l'immense forêt canadienne vient lécher les maisons s'agrippant aux flancs des montagnes cernant la ville.

La grandiose Nature canadienne s'invite ainsi aux portes de Vancouver avant de reprendre tous ses droits dès que l'on s'éloigne de quelques dizaines de kilomètres vers le Nord. Les paysages sont alors saisissants : les montagnes couvertes de forêts se jettent littéralement dans les nombreux " Inlet "ou bras de mers dont les eaux placides remontent très haut à l'intérieur des terres. Cette côte très découpée et la dense forêt qui s'épanouit sous le climat le plus doux du Canada limitent l'implantation humaine : il n'y a qu'à regarder une carte de la Colombie-Britannique pour s'apercevoir à quel point Vancouver est un îlot urbain, certes de belle taille, en marge de vastes territoires sauvages tachetés ici et là de quelques villes reliées par de rares routes. L'exploitation forestière continue certes de saigner cette nature grandiose mais les habitants de Colombie-britannique ont la sensibilité écologiste à fleur de peau et le gouvernement provincial ne peut plus se permettre de faire la sourde oreille aux protestations des nombreux groupes écolos.

La nature est donc omniprésente, également dans la tête des habitants de Vancouver. Ces gens-là sont des dingues des activités en plein-air : randonnée, kayak, ski, VTT, golf, voile… Un des clichés les plus tenaces concernant la ville consiste à dire que l'on peut au cours d'une même journée skier (3 stations à 30 minutes du cœur du centre-ville, difficile de mieux faire…), jouer au golf et faire du kayak. Et croyez-moi, les habitants ne se privent pas d'exploiter à fond les formidables opportunités qu'offre le site de Vancouver ! Ici, on mène donc une vie saine et ne vous étonnez pas de croiser dès le petit matin ou après les heures de bureau des régiments entiers de joggers sur les allées en bord de mer. On pourrait parler d'esprit " côte Ouest " pour Vancouver dans le sens où, comme son alter-ego californienne, prendre soin de son corps et faire du sport sont érigés en maximes bibliques. Une des conséquences de cet état d'esprit est le faible penchant des habitants de Vancouver à se livrer à des excès festifs. La quasi-totalité des boîtes de nuit ferment à deux heures du matin, la consommation d'alcool sur les terrasses des pubs est interdite après 23h, la ville organise très peu de festivités publiques… Il manque indubitablement aux habitants de la ville une capacité à se " lâcher " ou à manifester leur envie de faire la fête ensemble. Une vie saine et paisible on vous dit… Les journaux locaux ont décerné à Vancouver le titre peu enviable de " No Fun City " : une ville splendide dont la qualité de vie est louée partout dans le monde mais où l'on s'ennuierait ferme si l'on n'est pas père de famille, fan de randonnée et de footing. Il y a du vrai dans ce jugement. Certains accusent le caractère anglo-saxon de la ville, omettant au passage que près de 40% des habitants de la ville sont d'origine asiatique, eux-mêmes de toute évidence peu portés sur la chaleur et l'exubérance latines de festivités du Sud de l'Europe. Mais l'erreur est sans doute d'essayer de juger Vancouver avec notre sensibilité de Français. La France est à plusieurs milliers de kilomètres, évitons donc les jugements à l'emporte-pièce et prenons le temps de comprendre cette ville et l'état d'esprit de ses habitants. Et puis rassurez-vous : les bons lieux de sortie existent, ils ne sont simplement pas forcément évidents à trouver. A vous de chercher donc !

La vie culturelle souffre également de cette apathie même si la règle du " qui cherche-trouve " s'applique là aussi. Il ne faut pas perdre de vue que l'on est tout de même en Amérique du Nord et, bien que les canadiens s'en défendent à grands cris, ce pays est largement influencé par son immense voisin américain. La notion d'" entertainment " (divertissement) l'emporte donc largement sur la culture telle qu'on la conçoit en Europe. Il ne faut pas oublier non plus que Vancouver est une ville jeune fondée il y a à peine 150 ans. Cette ville n'a donc pratiquement aucune histoire et fait partie d'un continent qui a plus été préoccupé depuis l'arrivée des Européens par la conquête des immenses espaces que par la constitution d'une identité culturelle raffinée.
Mais Vancouver peut tout de même s'enorgueillir des richesses que lui apporte son multiculturalisme. Dans quelle autre ville pourriez vous profiter à la fois des fêtes traditionnelles chinoises, indiennes, iraniennes… et de la riche culture des Premières Nations qui se sont installées sur ces terres il y a près de 10 000 ans et y ont développé un art florissant ainsi que des cérémonies religieuses qui fascinent les anthropologues ?

Faisant écho à la beauté de son site, le centre-ville de Vancouver joue les top modèles. Il est encadré de grandes tours d'habitation entièrement vitrées et au design audacieux. Elles ont été construites avec l'intention de faire profiter au maximum les habitants de la lumière du jour et de la vue sur les montagnes environnantes. Couleurs claires, vitres non teintées... elles sont un des signes architecturaux caractéristiques de la ville et ont permis à Douglas Coupland, écrivain local rendu célèbre par son livre " Generation X ",de qualifier Vancouver de " City of Glass ", la cité de verre. La ville est propre, très ouverte sur son front de mer et sur les quelques plages que compte la ville. Une grande partie du bord de mer est aménagé en promenades qui sont autant d'autoroutes à piétons, cyclistes et patineurs dès que les premiers rayons de soleil pointent. Ajoutez à cela que Vancouver est une mosaïque de quartiers bien vivants et ayant chacun une identité propre. Ainsi, Davie street est le " village " animé de la dynamique communauté homosexuelle de Vancouver ; Kitsilano la bourgeoise a en grande partie enterré son passé hippie pour devenir le quartier de prédilection des jeunes ménages aisés attirés par le charme indéniable de ce quartier résidentiel faisant face au centre-ville ; Commercial Drive reste irrésistible par son ambiance latine… sans oublier les quartiers plus éloignés du centre à l'identité culturelle très marquée : " Little India " à l'angle de Main street et de la 49ème, Richmond et sa forte communauté chinoise…

Ainsi, vous l'avez compris, on a du mal à rester indifférent à la beauté de la ville, à la douce vie que l'on peut y mener et à son mélange épicé de fortes identités culturelles. C'est d'ailleurs un peu ce qui fait peur aux vancouverois qui souhaitent garder pour eux le secret de leur ville afin qu'elle n'attire pas indéfiniment des nouveaux habitants. Mais Vancouver est une ville jeune, tournée vers l'avenir, qui plus est économiquement florissante du fait de ses échanges commerciaux avec l'Asie, de ses richesses naturelles, de ses industries de pointe dans le domaine des nouvelles technologies… Vancouver sûre de sa beauté et de ses qualités voit donc le futur en rose et écoute avec une coquetterie teintée de fierté les sondages internationaux qui la classent systématiquement parmi les plus belles villes du monde et où la qualité de vie serait la meilleure. Enfin voilà un sondage avec lequel je suis entièrement d'accord…
Cédric Gervet-Avril 2001
Stagiaire en 2000-2001 au Consulat de France à Vancouver




Vancouver : Welcome to "nature-city"
Une fin d’après-midi de mars à Vancouver... Depuis mon balcon, j’aperçois les plages d’English Bay et, de l’autre côté de la crique, celles de l’Université. Plus à l’ouest, on distingue les côtes de l’Ile de Vancouver. Et à droite, la sombre silouhette des arbres de Stanley Park se découpe sur fond de montagnes enneigées. Une chose est sûre : le premier avantage de Vancouver, c’est son site. Plantée là, à l’ouest de l’ouest, cette ville jouit du climat le plus doux de tout le Canada mais est à moins d’une demi-heure des pistes de ski des Coast Moutains. On dit souvent qu’en une journée, à Vancouver, on peut faire de la voile, jouer au golf et finir sur les pistes. C’est un peu épuisant, mais c’est vrai ! Si Vancouver est très marquée par cet aspect « nature », elle a aussi su devenir une véritable métropole urbaine. En vingt ans, la ville a complètement changé de visage. Les gratte-ciels ont poussé à vitesse grand V tant dans le Downtown qu’à Yaletown, l’ancien quartier des docks. L’Expo universelle de 86 étant passée par là, le centre-ville est aussi hérissé de quelques constructions futuristes assez originales, comme le centre des congrès de Canada Place.

A quelques pas de ce Business District un peu froid, on trouve tous les quartiers qui ont conservé une vie et une identité plus « authentiques » : la très chic Kitsilano, souvent opposée à Commercial Drive, plus populaire et latine, mais aussi le West End, coincé entre le centre-ville et Stanley Park, ou encore l’incontournable Chinatown sans oublier l’immense campus de l’Université de Colombie-Britannique.


Les Vancouverois ou le "West-Coast spirit"
Tout Français débarquant à Vancouver est marqué par deux choses : il double tout le monde quand il marche sur le trottoir et il ne sait plus quoi répondre quand on lui demande "how are you doing today ?" pour la vingtième fois de la journée. Le meilleur mot pour définir les Vancouverois ? Cooooooools... Ici, c'est la Côte Ouest : on ne se stresse pas, on ne court pas (sauf pour le sacro-saint footing matinal), on est tran-quille ! Allant de paire avec cette "sérennité ambiante" : une courtoisie à toute épreuve.
Il n'y a pas de problème, tout est toujours OK, et vous êtes toujours "great", "wonderful", "awesome" et j'en passe... Bien sûr, parfois, ça frole l'hypocrisie. S'il n'y a pas de problème, il n'y a pas toujours non plus de solution. Et à force, on se demande si cette politesse ambiante n'est pas un peu surfaite. Il s'agit de trouver un équilibre, savoir profiter de cette qualité de vie sans tomber dans le "tout-le-monde-il-est-beau, tout-le-monde-il-est-gentil".
Difficile de parler des Vancouverois sans évoquer les Asiatiques : ils forment plus du tiers de la population totale mais leur part peut monter à 80% dans certains départements de l'Université !Cette communauté plutôt calme correspond bien à l'esprit détendu de la ville. Bien intégrés, présents partout (pas uniquement à Chinatown), les Asiatiques sont un des piliers de Vancouver.

Et la vie culturelle dans tout ça ?
Tout ça parait quand même un peu mou me direz-vous ! C'est vrai que Vancouver à la réputation d'être une "Suisse nord-américaine". Très agréable et douce à vivre, mais un peu endormie. Ce n'est pas tout à fait faux. La vie nocturne est comme les gens : discrète, calme. Pas de tapage incessant dans les rues, de terrasses enflammées le samedi soir ou de boîtes incontournables. La vie culturelle en pâtit aussi. Vancouver ne brille pas vraiment par ses créateurs ni par ses audaces. Mais il ne faut pas noircir le tableau plus qu'il ne l'est. Si, pour une ville de cette importance, peu de choses se font, tout, en revanche, est accepté. Si on veut faire quelque chose à Vancouver, on peut. Et on peut tout. C'est ainsi qu'est né ici Adbusters, ce magazine de publicitaires blasés par la société de consommation qui ont décidé de monter au créneau face à la World Company.
Allez faire un tour sur le site du Cinéma "The Blinding Light!!" ou sur celui du magazine gratuit The Loop et vous verrez qu'il y a, à Vancouver, des énergies et des idées qui naissent et se développent. La bible du Vancouverois, The Georgia Straight, (hebdo gratuit) présente chaque semaine ce qui bouge dans la ville.
Vancouver a gardé un certain esprit pionnier. Pas l'aspect "sauvage", vous l'aurez compris, mais un truc du style "tout est à faire, alors si ça vous dit, faites-le, it's up to you". Et même si ça vient doucement, ça vient. A la Vancouveroise...

L'avenir : la North Silicon Valley

Vancouver a deux surnoms : Hongcouver (vous avez compris qu'il y a beaucoup d'Asiatiques ou je vous fais un dessin ?) et "North Silicon Valley". Passionnés de High-Tech, votre paradis est ici ! A trois heures de Seattle et du siège de Microsoft, Vancouver voir fleurir les "start-up" (petites entreprises de high-tech hyper innovantes) et les écoles de multimédia. Parmi elles, la Vancouver Film School (VFS), classée troisième en Amérique du nord, ou encore le British Columbia Institute of Technology (BCIT).
Autre secteur en plein boom : l'industrie du film. Troisième ville de production cinématograhique d'Amérique du Nord après Los Angeles et New-York, Vancouver a plusieurs cordes à son arc : des paysages très variés, le même fuseau horaire qu'Hollywood, la frontière américaine à 40 km et surtout... des employés payés en dollars canadiens (moins cher que le dollar US) !
Vancouver est une friche fertile et ouverte. Alors si l'aventure vous tente : mettez le cap à l'Ouest !
Thomas Collombat-Avril 2000
Stagiaire en 1999-2000 au Consulat de France à Vancouver.




L'ouest canadien veut des immigrés, toujours plus d'immigrés...
Une chaîne de restauration rapide offrant un iPod et une bourse d'études pour attirer des serveurs ; des électriciens payés 170 000 dollars canadiens par an, des camionneurs gagnant autant que des ingénieurs... Dans l'Ouest canadien, on manque de main-d'oeuvre ! La liste des métiers en demande est longue, mais la situation va encore s'aggraver d'ici dix ans à la faveur du formidable développement que connaissent l'Alberta et la Colombie-Britannique.

La première province de l'or noir est déjà en situation de plein emploi. Son PIB a triplé en trois ans et des investissements de 100 milliards de dollars canadiens sont prévus d'ici dix ans dans le secteur de l'énergie ! Le gouvernement songe à supprimer ses impôts et va offrir à chaque Albertain un chèque de 400 dollars canadiens en cadeau de Noël ! Dans la province voisine, l'économie est aussi prospère, avec une croissance annuelle de plus de 3 %, un tourisme florissant et des ressources minières et forestières demandeuses de main-d'oeuvre. La rançon du succès ? Un gros problème de recrutement ! Ici comme ailleurs au Canada, avec une population vieillissante et un taux démographique insuffisant, on craint fort qu'une pénurie de personnel ne vienne freiner la croissance, alors même qu'elle devrait s'accélérer pour répondre à la demande des pays asiatiques ! "En 2016, nous aurons un taux de croissance de la main-d'oeuvre nul au Canada si nous ne forçons pas sur l'immigration", croit l'économiste Roger Sauvé. Il chiffre à 650 000 par an le nombre d'immigrants dont le Canada aurait besoin. On est loin du compte, avec 235 824 résidents permanents en 2004 et un objectif de 255 000 pour 2006. Pourtant, le ministre canadien de l'immigration, Joe Volpe, affirme que l'appel aux étrangers est "vital pour le développement économique et social du pays".

Partout au Canada, mais surtout dans l'Ouest, on cherche à attirer de nouveaux immigrants. L'Alberta vient d'adopter sa première politique d'immigration, alors que la Colombie-Britannique lorgne du côté européen pour élargir son éventail d'immigrants. En Alberta, on cherche de tout, des serveurs, camionneurs, ingénieurs, plombiers, infirmiers, pharmaciens... Pour l'exploitation des sables bitumineux, 240 000 emplois canadiens devraient être créés d'ici à 2008, dont 60 % dans cette province. "Un défi et une inquiétude" pour Total Canada, revenu en Alberta pour se lancer dans la course au pétrole des sables bitumineux et qui aura "besoin de 5 000 personnes d'ici dix ans", dit son vice-président, Yves de Clippele.

Les deux provinces ont des programmes pour choisir leurs propres immigrants. "On veut accélérer les procédures d'immigration pour ceux qui sont déjà sur place avec un permis de travail", explique Robert Vineberg, haut fonctionnaire du ministère canadien de l'immigration en Alberta. En Colombie-Britannique, le programme vise des "professions stratégiques" ou des créateurs d'entreprise (à même d'investir au moins 800 000 dollars canadiens). Aurélien Cordonnier en a profité. Ce jeune ingénieur français, sans emploi pendant plusieurs mois au Canada, est devenu testeur de jeux vidéo. "En six mois dans l'entreprise, je suis devenu programmeur et ma demande d'immigrant "provincial" a été acceptée en quinze jours !"

L'Ouest canadien peut sembler un eldorado pour immigrants, mais pas pour tous ! Certains connaissent de sérieuses déceptions car la reconnaissance des qualifications étrangères est loin d'être au point. Des ingénieurs livrent des pizzas, des médecins conduisent des taxis, des architectes ne peuvent pas signer leurs plans... Le gouvernement canadien a lancé en avril plusieurs programmes pour faciliter cette reconnaissance, dont un pour les professionnels de la santé formés à l'étranger.

Malgré ces ratés, le modèle d'intégration des immigrants a largement fait ses preuves dans ce pays à majorité de "gens venus d'ailleurs". Selon un sondage récent, les deux tiers des Canadiens voient l'immigration comme un "enrichissement" et le multiculturalisme comme "une protection contre les extrémismes". La Colombie-Britannique est un bel exemple de réussite, avec plus du quart de sa population née à l'étranger !

Dans l'Ouest canadien, les services d'aide aux immigrants sont multiples. "Plus tôt on intervient auprès d'eux, plus on a de chances de réussir leur intégration", croit Dale Taylor, du Centre des nouveaux arrivants de Calgary. Alice Colak dirige un organisme similaire à Edmonton qui sert de "pont entre immigrants et société sur la route de l'intégration". La plupart offrent des services d'information et de soutien à court et long terme (démarches administratives, logement, emploi...) et des cours d'anglais gratuits... car "le principal handicap à l'intégration est linguistique", affirment-ils en choeur.

Certains vont plus loin. A Vancouver, on jumelle chaque année un millier de bénévoles à autant d'immigrants. "L'idée, dit Alison Dudley, du ministère du multiculturalisme, est d'aider les nouveaux arrivants dans des démarches de base et d'encourager les échanges culturels". Le gouvernement finance aussi un "programme d'antiracisme" pour que des villes mettent en oeuvre un "modèle de réponse à des incidents critiques".
A Edmonton, on mise sur l'adaptation à l'emploi, avec un programme de mise à niveau d'ingénieurs étrangers au prix de 20 000 $CAN par personne. "Ce que nous voulons, souligne le ministre du multiculturalisme de la province, Wally Oppal, c'est que les immigrants gardent leur identité mais qu'ils deviennent d'abord Canadiens." Comment ? "En les intégrant dans l'économie, la société, les institutions et en leur donnant une vraie égalité de traitement."
Article publié en décembre 2005 par Le Monde
Auteur: Anne Pélouas




Vancouver : "Vivre zen à lotusland"
Plébiscitée par les expatriés, la sixième ville du Canada attire une élite branchée et écolo. Bienvenue dans l'Amérique cool. Cinq heures du matin, le soleil se lève sur Vancouver. Au coeur du quartier des affaires, un homme en short et tee-shirt avance paisiblement entre les buildings, glisse un regard vers les jets d'eau de Robson Square. Derrière lui, il traîne un kayak. Dans quelques instants, ses pagaies brasseront l'eau fraîche, il longera le front de mer qui s'étend sans interruption sur 25 kilomètres. Après seulement, il ira au bureau. « Living first », « vivre d'abord », le slogan préféré de Vancouver s'incarne dans cette apparition matinale et sportive.

Depuis dix ans, ils ont été 400 000 nouveaux immigrants à choisir la qualité de vie made in Vancouver, à plébisciter une cité modèle. Posée au bord du Pacifique, sur un enchevêtrement de péninsules bordées de bois et de plages, elle est l'emblème d'un monde « global », aussi tourné vers l'extérieur qu'enraciné dans son environnement. En tête du classement Mercer, Vancouver fait rêver l'élite mondialisée des expatriés : sur presque tous les critères, il obtient une note d'excellence et s'érige comme la référence des villes à taille humaine qui savent concilier travail et art de vivre. Il est aussi un modèle pour les architectes et les urbanistes internationaux qui doivent imaginer les villes du futur. Un des secrets de sa réussite : Vancouver s'est d'abord affranchi de sa culture nord-américaine. Premier signe visible pour un visiteur, il n'y a pas ici d'autoroutes, mais 130 kilomètres de pistes cyclables, des trottoirs praticables, et des distances souvent indiquées en temps de marche. Vancouver fait bien figure d'exception sur ce continent où l'homme à pied est forcément suspect.

« Dès le début des années 70, raconte Peter Stary, chargé de la circulation, la municipalité a choisi de ne pas laisser de voies rapides traverser le centre-ville. Ce principe n'a jamais été renié. Dans notre plan de circulation, le piéton est la priorité, suivi par le cycliste, les transports en commun, le transport de marchandises. La voiture personnelle n'arrive qu'au dernier rang. » Cette philosophie primordiale a naturellement déterminé le développement urbain. « Depuis vingt ans, explique Larry Beasley, directeur du développement à la mairie, toute notre politique est centrée sur les habitants. Ils sont massivement revenus dans le centre-ville, qui comprend aujourd'hui 75 000 habitants, contre 45 000 à la fin des années 80. » Au coeur de Vancouver, au milieu des immeubles de bureaux, une part importante des tours sont des immeubles d'habitation avec vue féerique sur la baie. « Un appartement sur cinq est un logement social, adapté aux familles avec enfants, poursuit Larry Beasley. La qualité de vie fait partie intégrante de notre développement économique. » Il aura fallu tout de même un siècle pour que la ville se mette à compter sur la carte du monde.

Entre l'arrivée du chemin de fer transcanadien, en 1889, et l'Exposition universelle de 1986. Vancouver, qui accueille alors 21 millions de visiteurs, en profite pour développer ses transports urbains en lançant la première tranche de travaux du métro aérien, le SkyTrain, qui traverse la ville et dont des ramifications doivent encore se déployer à l'avenir. Dès lors le tourisme et, plus globalement, le secteur tertiaire s'envolent. Un pôle de production cinématographique, qui fait cruellement concurrence à Los Angeles, se met en place, avec des coûts compétitifs. Les plateaux de Vancouver accueillent d'importants tournages (Les Accusés, Jumanji...) et une pléiade de séries télévisées (« X-Files », « Millennium »...). Aujourd'hui, le cinéma assure 35 000 emplois dans la région et génère 16,5 milliards de francs de retombées financières. Parallèlement s'est constitué un pôle high-tech centré sur les biotechnologies : « L'essentiel de notre croissance économique provient de PME de moins 30 personnes, constate Larry Beasley, et de plus en plus, nous attirons des entreprises soucieuses d'offrir à leurs salariés une bonne qualité de vie. » Dans cette ville où décidément tout semble à taille humaine, les grandes multinationales impersonnelles n'ont pas droit de cité.

Peu à peu, Vancouver a pris conscience que sa situation géographique était un atout économique majeur, bien en phase avec les valeurs du xxe siècle. En bord de mer, adossée aux Rocheuses, la sixième ville canadienne bénéficie également d'un climat tempéré. Durant l'année, les températures oscillent entre 0 et 25 degrés Celsius, et la région n'est jamais paralysée par des mètres de neige. La rançon de cette douceur est une pluviosité record qui éreinte l'image de la ville, et des brumes légendaires qui masquent trop souvent la majesté du site. La rain forest (forêt primaire) qui couvre plus de la moitié de la Colombie britannique porte bien son nom et a concentré, plus d'un siècle durant, l'activité économique sur l'industrie du bois. Le long des côtes de la ville, non loin du somptueux campus de l'Université de Colombie britannique (UBC), au-delà de buissons joufflus de rhododendrons géants, s'alignent les aires de stockage de troncs d'arbres qui alimenteront les scieries des alentours. Des forêts aux mines, le développement économique de Vancouver s'est appuyé sur ses ressources naturelles. Et la récente régression de ces deux secteurs d'activité n'y a rien changé. De manière plus consciente et affirmée, la ville, berceau de l'ONG environnementaliste Greenpeace, puise aujourd'hui plus que jamais son identité dans son environnement. « Quand on coupe un arbre dans son propre jardin, racontent Philippe et Sylvie Kruchten, installés à Vancouver depuis 1993, la mairie exige que l'on en replante un autre aussitôt. Elle va même jusqu'à imposer l'espèce ! » Le résultat est à la hauteur de ces exigences : 192 parcs et jardins, un demi hectare d'espaces verts publics pour 1 000 habitants, et 100 000 érables, ormes et châtaigniers pour border les rues de la ville. L'activisme de la mairie est relayé par le civisme des habitants. « En 1995, 100 000 personnes ont participé bénévolement à l'élaboration du City Plan, qui définit les grandes orientations de la ville », raconte Larry Beasley, à la mairie. Cet engagement s'est traduit non seulement par un taux de réponse important aux sondages mais également par une forte participation des habitants aux débats publics, sur des thèmes aussi variés que la structure du budget, la pollution ou la politique du logement. Dans chacune des vingt communes qui composent l'agglomération, les quartiers sont organisés en « communities » qui gèrent une foule d'activités : « Une séance de gym coûte 3,50 dollars (18 francs environ), expliquent Philippe et Sylvie Kruchten, et la plupart des loisirs pour les enfants, 20 dollars par semestre.
L'accès à de nombreux golfs et courts de tennis est gratuit, et l'autodiscipline y règne d'une façon surprenante. Quand il y a une file d'attente devant le tennis, la règle est que l'on joue une demi-heure pour céder la place aux autres. » Ce modèle de démocratie participative est d'autant plus remarquable que Vancouver a accueilli successivement plusieurs communautés aux modes de vie très divers. Si la structure de la population est dominée à 50 % par les Canadiens anglophones, pas moins de 61 nationalités y cohabitent. Mais surtout, depuis les années 70, une forte communauté asiatique, issue de Hongkong et de Taiwan, et, plus récemment, d'Inde et des Philippines, s'est mêlée dans ce creuset. Vancouver compte plus de 25 % d'Asiatiques et l'on y parle plus le cantonais que le français, pourtant deuxième langue officielle de la Colombie britannique. « Ici, le multilinguisme est une culture. Pensez par exemple que 30 000 enfants vont dans des écoles d'immersion, où les enseignements sont prodigués en français », remarque Jacques Bodolec, professeur de français à UBC. « "Respect", un terme qui va parfaitement à l'ambiance de cette ville, analyse Brigitte Castellan, expatriée française venue à Vancouver pour deux ans... il y a vingt ans ! C'est très marquant à l'école : il n'y a pas de bagarres, les enfants sont élevés dans un esprit très pacifique. » « Lotusland », c'est ainsi que les habitants de Vancouver surnomment leur ville. « Société sanctuaire », dit-on même avec lyrisme à la mairie. A y regarder de plus près, le tableau n'est peut-être pas si rose : Vancouver n'a pas échappé à ce qui fait la complexité de la société canadienne, à commencer par sa dépendance vis-à-vis de son encombrant voisin américain, qui aimante les cerveaux et les jeunes. « Vancouver, c'est l'Amérique, mais pas trop », résume Caroline Boislevé, venue étudier les Français de Vancouver pour son mémoire de maîtrise. Voilà une vision assez juste de cette métropole en quête d'équilibre.
Article publié en 2001 par l'Expansion
Auteur: Laure Dumont



Vancouver vue par Claude
Hébétée par 10 heures d'avion et préoccupée par la récupération des bagages et à héler un taxi jaune, je n'ai commencé à regarder autour de moi que bien calée dans mon taxi qui de Vancouver Sud où se trouve l'aéroport se dirigeait vers Vancouver la ville que vous apercevez soudain dans toute sa splendeur en haut d'une cote et là, c'est le choc ! En face de vous les montagnes côtières, au fur et à mesure que le taxi roule vous avez l'impression que vous allez rentrer dans les montagnes tellement elles vous semblent proches que vous en oubliez presque d'admirer la route bordée d'arbres magnifiques et les maisons aux jardins superbes la bordant, en bas des montagnes vous apparaissent alors les fameux buildings du centre ville dont les pyramides de verre de différentes couleurs se mirent dans le soleil et sont, oh miracle, parfaitement intègres à leur environnement. Ne vous m'éprenez pas, de la génération des baby boomers, je ne suis pas née avec les buildings et si l'on m'avait dit qu'un jour je trouverais des buildings harmonieux j'aurais certainement rit au nez de l'impudent osant émettre une telle incongruité. Aussi je ne vous dirai qu'une chose il faut le voir pour le croire. Oubliée les 10 heures d'avion, balayée la fatigue, en un dixième de seconde le panorama d'une beauté à vous couper le souffle qui s'ouvrait devant mes yeux m'avait conquise, je venais de tomber amoureuse de Vancouver. Et finalement la cerise sur le gâteau le Pacifique au pied des montagnes avec le Park Stanley s'étendaient devant mes yeux ébahis. Ce fut le début d'une période de 7 ans où je n'ai pas cessé de sillonner la ville pour en découvrir ses beautés et chaque fois c'était le même émerveillement. Vancouver aux milles et un visages, ville ultra moderne pour les affairistes, mais aussi délicieusement rétro en dehors des grandes artères dans ses rues bordées de petites maisons adorables ou de grandes ladies de l'ère victorienne aux pelouses toujours vertes et soigneusement manicurées et où vous pouvez voir des rhododendrons en fleurs en janvier, mais non je n'invente pas, Vancouver au mille et unes espèces d'arbres, Vancouver la parfumée avec ces cerisiers du Japon au printemps qui lui font comme un voile de mariée rose et les somptueux magnolias, hibiscus, hortensias, tout pousse merveilleusement à Vancouver et vous savez pourquoi - et là les Bretons ne seront pas déçus, il pleut souvent, mais quand le soleil revient la ville est tellement belle que tout est oublié et on retombe sous le charme. Vancouver la sportive avec ces nombreux terrains de baseball, soccer, basket ball, tennis, golfs enchâssés dans de merveilleux parcs, bref les mots sont impuissants à décrire les beautés de cette ville on en finirait pas, il faut la vivre, car son style de vie est inimitable.Le meilleur moyen de connaître la ville et ses habitants est de consulter les petites annonces du Vancouver Sun à la rubrique garages sales, yard sales dans l'édition du mercredi, jeudi et vendredi pour le week-end suivant. Vous vous faites un itinéraire, c'est facile, du Nord vers le Sud les routes sont numérotés de 1 à 70 et de l'est vers l'ouest elles portent des noms d'arbres ou de régions du Canada et puis vous partez le samedi matin à l'aventure avec votre voiture et là vous aurez l'occasion de socialiser avec les habitants de découvrir des affaires en or, on marchande les prix rarement car ils sont très bas et les articles vont du neuf au peu utilisés. Vous apprendrez de cette façon le 3eme passe temps favori des Vancouverites après le sport et le camping, la yard sale culture. C'est fou ce que l'on peut s'enrichir de cette façon, je ne veux pas parler seulement de l'économie faite au porte monnaie qui n'est pas négligeable mais bel et bien du contact avec les gens de différents milieux et origines que vous rencontrez. Car j'oubliais à Vancouver vous n'avez plus besoin de voyager, le monde entier est à votre portée. Vous petit déjeunez le matin à l'anglaise d'un café et muffin en face du Pacifique dans le west end, vous allez faire vos courses tout prêt au marché allemand sur Robson street, dans le quartier chinois ou hindou si le cœur vous en dit à moins que vous ne préfériez le quartier italien, grec ou déjeuner dans un restaurant français, l après-midi vous pouvez assister à une fête russe, flâner a la boutique norvégienne, visiter une exposition au Centre Croate, etc.. Tout est possible à Vancouver pour qui sait la découvrir. C'est le seul endroit que je connaisse ou l'on peut faire son jogging sur le "sea wall" (piste de 10 km le long du pacifique contournant le Parc Stanley) le matin avant d'aller travailler, déjeuner sur la plage pendant le lunchbreak ou faire un pitch and putt (à mi chemin entre le minigolf et le grand golf) et skier le soir après le travail sur les pistes illuminées des montagnes de Nord Vancouver à une demi heure en voiture du centre ville. Qui dit mieux ? Par contre ne vous laissez pas impressionner par les médias, car la c'est le choc culturel la ville a sa propre chaîne de télé et tout ce qui se passe y est relaté. A propos de télé, le câble vous donne accès à prés de 80 chaînes américaines et canadiennes sans oublier deux chaînes en Français TV5, mais oui, et la chaîne québecquoise.En bref je dirai qu'il n'y a pas grande différence entre les saisons pour le temps à Vancouver. L'été il peut faire assez chaud en ville et il nous est arrivé d'aller le long des plages où il y a toujours une petite brise et d'y être parfaitement confortables, rien à voir avec les étés torrides de l'Est. L'hiver la neige en ville est exceptionnelle et presque une gâterie quand elle vient à Noël ce qui n'est pas toujours le cas, parfois elle manque Santa et n'arrive qu'en Février pour quelques jours et c'est la joie pour les enfants. Par contre sur les montagnes de Nord Vancouver la saison de ski débute de décembre à mars et la neige commence à tomber en novembre. Les hivers en ville sont doux et pluvieux. La pluie s'explique par la situation géographique de la ville coincée entre l'océan pacifique et les montagnes côtières qui bloquent les précipitations. C'est pourquoi vous avez des rhododendrons en fleurs parfois en janvier dans certains endroits protégés de la ville et fin mars quand tous les cerisiers du japon commencent à fleurir c'est l'apothéose !
Article publié par Frogsonline.com
Auteur: Claude




Expatriés, sachez bien choisir votre ville
Même sous la pluie et par grand vent, Vancouver est la ville la plus agréable pour les expatriés. Viennent ensuite Auckland, Toronto, Zurich et Genève. Corporate Resources Group, un cabinet suisse, a établi un classement de 192 villes. Il prend en compte 42 critères liés à la stabilité politique, au niveau économique, aux services de santé, à l'éducation, aux loisirs ou à l'environnement. Les entreprises multinationales prennent souvent ce classement comme base pour leurs calculs d'indemnités d'expatriation. On remarquera que les grandes capitales ne sont pas très bien notées : Paris n'est qu'à la 28e place, Tokyo est à la 30e, Washington à la 32e, Londres arrive 33e et New York, 39e. Selon le classement, mieux vaut donc être envoyé au Canada, en Australie ou en Suisse - pays qui comptent deux villes parmi les six premières -, voire en Finlande (Helsinki se classe au 8e rang) ou à Bruxelles (10e). A l'opposé, parmi les villes les moins accueillantes, on trouve - sans trop de surprise - Bagdad, Sarajevo, Khartoum ou Kinshasa.
Publié par l'Expansion en janvier 1998.


Christiane, dans la jungle des preschools à Vancouver
Christiane se retrouve à la fin du mois d'août dernier, tout juste débarquée à Vancouver (Colombie Britannique-Canada) avec toute sa petite famille en provenance de Lyon. Expatriation prévue d'environ 18 mois. Survient alors une problématique de taille : quelle scolarité pour Tom, son fils de 4 ans ? Ma première surprise a été de constater qu'il n'existait pas de système de maternelle comme en France. L'éducation est prise en charge en Colombie Britannique qu'à partir du primaire (5-6 ans).Avant, c'est le monde associatif ou privé qui prend le relais. Il y a donc dans le quartier de nombreux « jardins d'enfants » associatifs. On les trouve en général dans les sous-sols des églises (salle prêtée gracieusement).Deuxième surprise, l'enfant ne peut rester que deux, maximum trois heures par jour dans la preschool, souvent l'après-midi. En moyenne cela coûte 360$. J'ai aussi été obligée de chercher une solution pour le reste de la journée (nounou privée à la maison) si je voulais travailler. Enfin, dernier problème, qui peut se révéler rédhibitoire, la plupart de ces jardins d'enfants appliquent la méthode Montessori, méthode peu appliquée en France et qui peut apparaître un peu « cool » pour certains. Tom, lui, adore ! Par rapport à la maternelle Lyonnaise, il a semble t'il compris qu'ici, c'était « fais ce qu'il te plaît mon petit».
Publié dans l' Expatriation.com, juin 2005


Les ambitions pacifiques de Vancouver
Loin des clichés une cité douce à vivre, harmonieuse dans son architecture et accueillante aux étrangers Vancouver, à l’instar d’autres métropoles d’Amérique du Nord, regarde de plus en plus vers le Pacifique et se développe dans un certain désordre. Capitale de la Colombie-Britannique, la ville déborde d’activités, mise sur les technologies du futur, et a vu sa population doubler en l’espace de quinze ans. Pour beaucoup de Chinois notamment de Chine, continentale, de Taïwan ou de Hongkong elle est par excellence la porte de l’Amérique. La British Columbia, " B.C. " comme l’appellent ses habitants, est un monde à part. D’ailleurs, la Colombie britannique l’a toujours été et, d’une certaine façon, elle en tire aujourd’hui un motif d’orgueil après en avoir longtemps souffert. " La Colombie-Britannique s’est toujours sentie séparée du reste du Canada, sans doute à cause des Rocheuses, raconte Mme Elisabeth Godley, journaliste qui prépare un gigantesque ouvrage sur l’histoire de Vancouver, en collaboration avec une centaine d’autres bons connaisseurs de la ville. Il y a trente ans, personne ne nous connaissait. A Ottawa et à Toronto, les gens avaient du mal à nous placer sur une carte. Ils savaient seulement qu’ici, il y avait la mer et la montagne, que c’était la " dernière étape ", la " dernière frontière ", l’Ouest sauvage où venaient les gens un peu bizarres, qui s’arrêtaient ici parce qu’ils ne pouvaient pas aller plus loin et que le climat y était plus doux qu’ailleurs. Aujourd’hui encore, on a gardé une réputation un peu spéciale. Je suis née ici, c’est un endroit que j’aime beaucoup et j’avoue que j’ai des sentiments mitigés pour tout ce qui s’y passe. Autrefois, c’était une jolie petite ville, presque un peu ennuyeuse, sans boutiques et sans galeries d’art. Maintenant, vous pouvez tout acheter à Vancouver, goûter toutes sortes de nourritures, venant de tous les pays du monde, mais vous en payez le prix. La ville est devenue très chère, elle est polluée et moins sûre. " Troisième ville chinoise d’Amérique du Nord, après San Francisco et Toronto, bénéficiant d’une situation géographique unique c’est la localité nord-américaine la plus proche de Hongkong, située exactement à mi-parcours entre l’Europe occidentale et les grandes agglomérations de l’Asie pacifique , Vancouver et ses 1 700 000 habitants sont véritablement tiraillés en tous sens, et cela de façon perceptible. Flambeurs et journaliers AVEC l’arrivée d’environ 40 000 nouveaux immigrants par an, auxquels s’ajoutent quelque 38 000 migrants canadiens en provenance de l’est des Rocheuses, et avec un taux de croissance de 4,6 %, la Colombie-Britannique est désormais la plus dynamique des provinces canadiennes, dont elle se sent à la fois affranchie et solidaire (ce qui n’est là que l’un de ses nombreux paradoxes). Le véritable essor de Vancouver, capitale économique, semble avoir commencé avec l’Exposition universelle de 1986, qui l’a fait découvrir au Canada et au monde, en même temps que la ville réalisait sa vocation profonde : constituer la porte d’entrée de l’Asie vers l’Amérique. Aujourd’hui, 20 % de la population de Vancouver est chinoise, et plusieurs experts n’excluent pas qu’elle le soit à presque 50 % en l’an 2010. Depuis deux ans, le flot en provenance de Hongkong s’est nettement ralenti, mais les Chinois de Taïwan et, dans une moindre mesure, de Chine continentale ont pris le relais. Le mouvement a toutes les raisons de se poursuivre, d’autant qu’il est beaucoup plus facile d’obtenir un visa pour vivre au Canada qu’aux Etats-Unis ou en Australie. D’où qu’ils viennent, les nouveaux immigrants ne s’installent pas dans la vieille Chinatown, aujourd’hui encore occupée par les descendants des chercheurs d’or et des ouvriers venus en masse, au siècle dernier, construire la voie de chemin de fer qui devait relier l’est du Canada au Pacifique. Bien différents sont les immigrants chinois qui arrivent à présent à Vancouver, les " entrepreneurs " et les " investisseurs " se voyant accorder en priorité le droit d’immigrer, à condition qu’ils apportent respectivement 350 000 et 150 000 dollars canadiens et qu’ils l’injectent dans l’économie de leur pays d’accueil, tout en contribuant à la création de nouveaux emplois. A ces immigrants dans l’ensemble aisés, il faut ajouter les simples travailleurs indépendants ou qualifiés, ce qui porte à environ 60 % la proportion de ceux qui entrent en Colombie-Britannique avec un visa " économique ", les 40 % restant étant soit des réfugiés, soit des proches qui viennent rejoindre un parent déjà installé au Canada. " Je dirais que, chaque année, il n’y a pas plus de 15 % à 18 % des nouveaux immigrants chinois qui sont véritablement fortunés. Tous les autres ont de faibles revenus. Ils ont tout vendu, tout sacrifié pour venir s’installer ici, explique Mme Maggie Ip, arrivée il y a trente ans de Hongkong, et aujourd’hui conseillère municipale de Vancouver. Ils montent des petits commerces, des petites entreprises de textile par exemple, et travaillent dur pour s’en sortir, mais les Canadiens de souche ne veulent retenir que les grosses maisons et les belles voitures des plus riches. Ils en sont à la fois stupéfaits et agacés et, quand ils aperçoivent une famille dans la rue, ils ont l’impression que l’Asie entière a débarqué ici. " Né à Hongkong mais très tôt naturalisé canadien, M. David Lam a fait fortune à Vancouver avant d’occuper, l’espace de quelques années, la fonction prestigieuse de lieutenant gouverneur, c’est-à-dire représentant de la reine d’Angleterre en Colombie-Britannique. Si des hommes d’affaires comme lui attirent l’estime générale et le respect, beaucoup d’autres suscitent mystère et jalousie. Le plus gros reproche fait à la communauté asiatique est d’avoir provoqué, ces dix dernières années, une flambée des prix de l’immobilier. Ces derniers se sont en effet envolés, la demande se révélant bien supérieure à l’offre vu le rythme des arrivées dans la ville mais il n’est pas prouvé que les immigrants chinois en soient les principaux responsables. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que la spéculation immobilière est devenue une passion aussi importante à Vancouver que le jogging, la voile ou le golf. Les propriétaires de biens immobiliers n’ont d’ailleurs pas fini de se torturer l’esprit : ont-ils bien fait de vendre il y a cinq ou six ans en empochant, certes, une plus-value, mais en se condamnant à vivre dans une banlieue sans âme, alors même que les prix n’ont pas fini de grimper ? Cette question, pour l’instant sans réponse, tient une bonne place dans les esprits, de même que certaines constructions, rares mais spectaculaires, d’entrepreneurs chinois. Concord Pacific en est une, encore et toujours citée en exemple. Il s’agit d’un gigantesque projet d’un coût de 3 milliards de dollars canadiens et qui abritera, sur l’emplacement du site de l’Exposition universelle, quelque 300 000 mètres carrés d’appartements, de commerces et de bureaux. A terme, un huitième du centre-ville de Vancouver est concerné par cette réalisation pharaonique d’un milliardaire hongkongais, M. Li Ka Shing. Considérée comme la plus importante jamais réalisée par le secteur privé sur le continent nord-américain, cette opération comprend 8 500 appartements pour quelque 15 000 personnes. Plus intéressant et plus significatif encore est le passage progressif, par certains de ces hommes d’affaires, du secteur de l’immobilier (traditionnellement favori des investisseurs asiatiques) à celui de la haute technologie ainsi que la synergie qui s’installe entre les deux secteurs. M. Terry Hui, né à Hongkong, devenu citoyen canadien, est sans doute le meilleur exemple de ce qui se prépare. Intelligent et richissime, il aurait pu se contenter, à trente-deux ans, de développer le projet immobilier de Concord Pacific, comme M. Li Ka Shing et son fils, M. Victor Li, l’en avaient chargé, mais ses plans allaient bien au-delà. Il allait le prouver en créant récemment Multiactive Technologies (Multi pour " multimédia ", Active pour " interactive ") aux objectifs ambitieux, mais encore tenus secrets. On sait seulement qu’ils visent à donner à tous les clients de Concord Pacific l’accès à de superbes autoroutes de l’information, que M. Terry Hui a bien l’intention de parcourir lui-même. Sa conviction : aucune demeure de l’an 2000 ne pourra se permettre le luxe d’en être dépourvue, et Internet, entre autres, ouvre un marché inépuisable. " Vancouver est passée sous le règne de la " technoculture " ces trois ou quatre dernières années, commente en souriant M. Tony Wanless, journaliste éditorialiste au quotidien Province, Chargé de la rubrique " affaires économiques ". Les gens d’ici sont tombés amoureux de la technologie, ils n’ont plus qu’une idée : acquérir tous les biens de consommation possibles. D’ailleurs, je suis en train d’écrire un livre là-dessus, sur le thème " Comment survivre à la technologie ". Je pense que l’influence des Asiatiques renforce considérablement cet engouement. Eux naviguent sans problème avec cela. " Ces immigrés asiatiques, qui sont en train de transformer rapidement le visage de l’économie de la Colombie-Britannique, jusque-là fondée sur les ressources naturelles, risquent-ils de repartir dans leur pays d’origine aussi vite qu’ils se sont installés au Canada ? C’est un autre sujet de préoccupation à Vancouver. Il semble pourtant que la réponse soit claire : les trois quarts des Chinois-Canadiens ont l’intention de rester. C’est du moins ce que révèle une enquête d’opinion effectuée en juin dernier par le quotidien Vancouver Sun. " Au début du siècle, presque 80 % des immigrés repartaient chez eux à l’heure de la retraite, rappelle le sociologue Herbert Adam, de l’université Simon-Fraser. Si la situation s’est radicalement inversée, c’est que les immigrants ont désormais plus de droits dans leur pays d’adoption. Avec le multiculturalisme, on leur permet beaucoup plus, en un sens, de devenir canadiens qu’à l’époque où régnait encore le conformisme anglais. Il n’y a plus aujourd’hui à Vancouver de société vraiment dominante ou traditionnelle, qui pourrait imposer ses vues aux autres communautés, et cela pour une raison bien simple : la moitié de la population de Vancouver n’est pas née ici. " Avant de quitter son pays d’origine, aucun des nouveaux Canadiens-Chinois ne s’est jamais imaginé que sa vie allait être plus facile, au contraire. S’il a émigré malgré tout, c’est pour une seule motivation : offrir à ses enfants un avenir meilleur. " Je suis arrivée ici il y a quatre ans avec mes deux enfants de onze et neuf ans. Mon mari avait fait un stage de quelques mois aux Etats-Unis et il en était revenu avec l’idée que l’éducation occidentale, c’était mieux. A Taïwan, la vie est trop dure pour les enfants. On les fait vivre dans une terrible atmosphère de compétition. A l’école, on ne leur enseigne pas à réfléchir, mais seulement à apprendre par coeur. C’est surtout pour cette raison qu’on a décidé de partir. " J. doit avoir une trentaine d’années. Elle s’exprime dans un anglais un peu laborieux qu’elle apprend deux fois par semaine, dans le cadre d’un programme de cours offert par le gouvernement canadien à tous les nouveaux arrivants. Son mari est " astronaute ", surnom ironique donné par les Canadiens de souche européenne aux hommes d’affaires chinois qui passent leur vie dans des avions à faire la navette de part et d’autre des rives du Pacifique. Ils installent femme et enfants à Vancouver pour bénéficier du passeport canadien, mais continuent de travailler dans leur pays d’origine, retenus bien souvent par une entreprise familiale. L’appellation " astronaute " s’applique en règle générale aux ressortissants de Hongkong, dont certains agacent d’autant plus qu’ils affichent un peu trop ostensiblement leurs voitures et surtout leur nouvelle maison. Ces grosses demeures souvent luxueuses mais sans grâce, les Vancouvériens les appellent par dérision les " monsters "... Montée du racisme et du coût de la vie CURIEUSEMENT, les Taïwanais n’invoquent jamais la peur de la Chine pour expliquer leur départ de Taïpeh. Ils avancent plutôt trois autres raisons : le stress insupportable imposé aux enfants, la surpopulation de Taïwan et la saleté ambiante. Ce sont leurs frères de Chine continentale qui ajoutent à leur place : " A Taïwan, ils redoutent l’avenir. Ils se disent : en 1997, c’est le tour de Hongkong ; en l’an 2000, ce sera le nôtre, de gré ou de force. Alors, partons vite pendant qu’il en est encore temps ! " " J’étais boursier. Jamais, tout au long de mes années d’études de biologie marine dans l’Ouest canadien, je n’ai songé à rester définitivement ici. Jusqu’à ce jour de juin 1989. Les événements de Tiananmen ont été un choc terrible dans ma vie comme dans celle de nombreux étudiants chinois expatriés. On les suivait heure par heure à la télévision, on était bouleversés. Les jeunes qui affrontaient l’armée et les chars, là-bas, sur la place Tiananmen, c’était nous. On était désespérés, on ne pouvait pas y croire... " M. James Wan est donc resté au Canada le coeur serré. Il laissait dans sa ville natale, située sur la côte est de la Chine, sa fiancée Mlle Qing Dao et ses parents, tous deux physiciens de carrière. Aujourd’hui, la page est tournée, James a réussi à faire venir sa future épouse, au terme de nombreuses difficultés. Ils ont une petite fille qui va maintenant à l’école, ce qui les aide à se sentir canadiens et à s’intégrer dans la vie de Vancouver. L’un et l’autre travaillent à un poste correspondant plus ou moins à leur qualification, mais ils se sentent heureux. " Vancouver, c’est le meilleur endroit où vivre en dehors de Chine, quand vous êtes chinois. Vous y trouvez tout : des journaux chinois, des chaînes de télévision chinoises, des gens vraiment gentils, un climat agréable, la nature toute proche. Nous avons dû retourner l’année dernière quelques semaines en Chine à cause de la mort de mon beau-père, eh bien !, finalement, on avait hâte de rentrer chez nous, au Canada. " M. James Wan affirme ne pas souffrir de racisme ouvert en Colombie-Britannique. A l’écouter, son problème serait beaucoup plus le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter à Vancouver. Bon nombre de ses compatriotes avouent cependant timidement que les injures à leur encontre sont un peu plus fréquentes qu’autrefois. " Les Caucasiens nous en veulent à cause des maisons. Ils nous reprochent d’en avoir fait grimper les prix, mais ils oublient qu’en même temps ils ont fait des affaires grâce à cela. J’entends de plus en plus souvent l’insulte " pig " sur mon passage, ou quand je suis en voiture et que je m’arrête à un feu rouge, raconte une jeune femme, Mme Ling Chu, animatrice au sein de l’organisation chinoise d’entraide Success. Récemment, un jeune qui mendiait et à qui j’avais refusé l’aumône m’a hurlé : " Tu nous voles notre argent, retourne chez toi ! " Si la communauté asiatique ne songe pas à dramatiser ces tensions et à les exploiter, loin de là, les vieux habitants, eux, les notent avec inquiétude et même un certain sentiment de culpabilité. Comment Vancouver et la Colombie-Britannique, qui viennent de reconduire à leur tête pour un second mandat un gouvernement provincial de gauche (modérée), à l’heure où l’on ne parle que de néolibéralisme, pourraient-elles risquer de se renier un jour ? Il y a bien sûr du " politiquement correct " dans cette démarche, mais aussi une très grande sincérité. B. C. a du mal à gérer ses contradictions, qui sont en même temps ses motifs de fierté : la province traditionnelle et rurale vote à droite, mais Vancouver vote à gauche. Le credo général " Entreprenez ! " n’empêche pas les syndicats de demeurer une force puissante, beaucoup plus notable que dans le reste de la fédération canadienne. On aime l’argent et la libre entreprise, mais on est content de se démarquer des Etats-Unis tout proches en gardant le sens de la solidarité. Et on s’empresse de le dire. Pas question de toucher par exemple au système de protection sociale, encore moins au système de soins, qui reste au Canada un motif d’orgueil, malgré son coût et l’inquiétude grandissante que suscite la dette de la Fédération. Une identité canadienne proclamée haut et fort LA province tout entière regarde le Pacifique, et c’est vrai qu’elle se sent pousser des ailes. Elle qui se surnomme avec plaisir " British California ", ou encore " Lotus Land ", critique Ottawa, qualifiée d’arrogante et souvent d’incompétente. Elle se plaint à grands cris d’être la " vache à lait " de la Fédération, mais pour rien au monde elle ne songerait sérieusement, quoi qu’on en dise, à briser l’unité du Canada. " Non, nous ne serons pas le Québec de la Côte ouest ", disent d’une seule voix les responsables politiques et l’homme de la rue, ce qui n’empêche pas le nouveau premier ministre, M. Glen Clark, de pratiquer une sorte de chantage permanent à l’adresse du gouvernement fédéral. " B. C. se sent " une société distincte ", mais c’est pourtant ici que l’attitude du Québec est la moins comprise et la moins admise, énonce le politologue Philippe Resnick, enseignant à l’université de Colombie-Britannique. Autant on accepte sans problème des différences linguistiques et culturelles, autant on n’admet pas l’idée d’une fédération territoriale où chaque unité ne serait pas placée sur un pied d’égalité avec une autre. Chez nous aussi, on assiste à une certaine montée du régionalisme, mais de là à se constituer en nation, non ! Vous ne pouvez pas savoir comme on a subi le choc du référendum d’octobre 1995 au Québec. On était tous suspendus aux informations. Pour la première fois, on avait le sentiment d’un éclatement possible du Canada, et on le redoutait. " Tous le répètent : le départ du Québec de la Fédération constituerait un véritable déchirement. Le Canada sans la Belle Province ne serait plus le Canada. La Colombie-Britannique semble pourtant la mieux armée, avec tous ses atouts, pour surmonter l’épreuve et faire cavalier seul, mais ce n’est pas son souhait. " D’après les sondages, seuls 12 % des Britanno-Colombiens souhaiteraient l’indépendance de la province. Mais c’est vrai que si le Québec obtenait la souveraineté, cela pourrait créer ici un effet d’imitation, remarque encore M. Philippe Resnick. Pour l’instant on se sent appartenir à une nation dont on est fier, et cette nation est bien distincte des Etats-Unis. D’ailleurs, quand l’Accord de libre-échange [Alena] a été signé avec les Etats-Unis, ça a beaucoup plus choqué en Colombie-Britannique qu’au Québec. Nous, les Canadiens anglophones, nous avons toujours été et restons hantés par la peur de nous faire absorber par le géant américain. On est infiniment plus vigilants sur cette question que ne le sont les Québécois. " A première vue, Vancouver est en effet peu américanisée, beaucoup moins par exemple que la Sydney australienne. C’est même un motif de surprise quand on la découvre. Pourtant, rien n’assure que l’avenir soit garanti sur ce point, bien au contraire. " Je pense, pour ma part, que nous avons tendance à nous américaniser comme jamais jusqu’à présent. C’est vrai que la population et la classe politique restent en état d’alerte et qu’elles résistent du mieux qu’elles peuvent à l’influence américaine. Mais cette influence est si rampante qu’on finit par ne plus la voir. D’autre part, les hommes d’affaires canadiens sont extrêmement admiratifs de leurs collègues américains et essaient de s’en rapprocher. " M. Peter Ladner est le directeur d’une publication économique, Business in Vancouver, qu’il a lancée il y a sept ans et qui marche bien. Pour lui, depuis l’entrée en vigueur de l’Alena, la Colombie-Britannique est de plus en plus soumise à un axe Nord-Sud plutôt qu’à un axe Ouest-Est. Il confirme ce qu’avancent de nombreux autres spécialistes : il est plus facile pour les provinces de l’Ouest de développer leurs échanges commerciaux avec les Etats-Unis qu’avec les autres provinces du Canada. " La plupart de nos entreprises locales dépendaient jusque-là de sièges sociaux installés à Toronto, mais je vois à présent qu’on les rattache plutôt à San Francisco ou Seattle, et cela ne gêne personne, poursuit encore M. Peter Ladner. Et c’est vrai dans tous les domaines. Je pourrais vous citer une série de petites compagnies spécialisées en fibre optique, ou en communication, ou dans l’édition, qui ont suivi ce parcours. Mais je vais vous donner un exemple symbolique et tout à fait significatif : la présence à la tête de l’équipe de basket-ball de Vancouver d’un milliardaire américain de Seattle, M. John Mc Caw. Et il est en plus question de partager avec Seattle, pour des raisons d’économie, une équipe de base-ball. Ça ne se fera peut-être jamais, mais le projet est là ! " Tous les experts le soulignent : à la différence de Seattle, Vancouver n’a pas et n’aura peut-être jamais de géants installés sur son sol comme Boeing ou Microsoft. Elle risque même de continuer à souffrir encore longtemps d’une même difficulté : la plupart des petites entreprises qui fleurissent sur son sol, celles de haute technologie notamment, se voient absorbées par des entreprises américaines, sitôt arrivées à un certain stade de développement. A cela plusieurs raisons : un manque d’investisseurs, de spécialistes en management et des taxes que tous qualifient d’extrêmement élevées en Colombie-Britannique. En continuant de diversifier son économie et de s’ouvrir aux pays asiatiques, ce qui la rend moins dépendante des aléas de la conjoncture américaine, Vancouver a cependant toutes les chances de se faire une place. Bien sûr, elle ne peut espérer avoir l’importance d’une Toronto (que les hommes d’affaires asiatiques continueront de lui préférer longtemps à cause de l’importance de son marché), mais son avenir est assuré. " Le tout est de trouver un créneau, quelque chose à notre mesure, celui qui n’est pas rentable, précisément, pour les grandes compagnies de Seattle et d’ailleurs, espère M. Nicolas Maftéi, ingénieur informaticien et consultant en informatique. Lui-même a mis au point un logiciel de gestion d’archives qui se vend bien au Canada, comme aux Etats-Unis ou encore à Hongkong. Quand il y a 1 000 à 2 000 clients potentiels, pas plus, ça fait l’affaire des gens comme moi. Et il n’y a pas que le secteur informatique qui soit concerné. Regardez le bras articulé de la navette spatiale américaine, par exemple, c’est une société de Vancouver qui l’a fabriqué pour l’essentiel ! " Le secteur de la haute technologie et celui des services parviendront-ils à dépasser, tôt ou tard, l’industrie forestière, première source de revenus de la Colombie-Britannique ? Tout le monde le souhaite, sans oser pouvoir l’affirmer. Car la question écologique est une vraie préoccupation à Vancouver. Qui se souvient que c’est ici, dans cette ville de l’Ouest canadien, qu’est né le mouvement Greenpeace, il y a tout juste vingt-cinq ans ? A l’époque, il mobilisait contre les essais nucléaires américains en Alaska. Aujourd’hui, en Colombie-Britannique, il s’agit surtout de mettre fin au déboisement de la province, exploitée par des géants tels que la société Mac Millan Bloedel, synonyme de prospérité et d’emploi pour les uns, d’apocalypse pour les autres. Un compromis entre écologistes et spéculateurs LA Colombie-Britannique et tout l’écosystème de la région sont-ils réellement menacés par la disparition, dans les vingt ans à venir, de la célèbre rain forest (forêt humide) qui recouvre les deux tiers de la province ? Dans cette querelle d’experts, impossible de se forger une idée objective. Ce qui est sûr, c’est que seul ce sujet parvient à soulever l’inquiétude d’une population portée par ailleurs à l’optimisme. Et la raréfaction actuelle des saumons au large de la côte Pacifique attise la polémique. Greenpeace affirme en effet que ces poissons ne peuvent plus suivre leur instinct naturel et remonter le cours de leurs rivières natales, comme ils le font chaque année, pour y pondre, tant les cours d’eau de Colombie-Britannique sont encombrés d’arbres abattus. " Greenpeace cultive le pessimisme et les réactions épidermiques. C’est devenu son fond de commerce, grommelle de son côté M. Patrick Moore, l’un des directeurs de Forest Alliance of B.C., une importante organisation non gouvernementale qui tente de contrebalancer, de façon scientifique, les thèses de Greenpeace. La grande force de la Colombie-Britannique, c’est justement d’être bâtie sur des ressources renouvelables, comme la forêt et la pêche. " " Moi, tout ce que je demande, c’est que, dans le doute, on arrête d’abattre les arbres à tour de bras, le temps de faire des études ", déclare pour sa part M. Jim Bohlen, l’un des trois fondateurs de Greenpeace, aujourd’hui réfugié dans l’île de Denman il trouve que Vancouver est devenue " trop laide ". Mais, dans ce domaine comme dans celui de la pollution, autre sujet de réelle inquiétude pour les Vancouvériens, chacun se retrouve tiraillé par des sentiments contradictoires. Faut-il privilégier les emplois ou la sauvegarde de la nature ? " Faux débat ", répondent, sans doute à juste titre, les écologistes, observant qu’à terme les deux secteurs seront étroitement liés. " On ne voit que le court terme. La tendance générale, au Canada, est de pencher de plus en plus à droite et de donner la priorité au " business " et non à l’environnement, se désole pour sa part Mme Mary MacNutt, de Greenpeace. Jusqu’au début des années 90, l’écologie était à la mode dans le pays, mais d’une certaine façon toujours marginalisée. Elle n’a jamais été vraiment intégrée dans la culture nationale, comme en Allemagne ou aux Pays-Bas. " L’anthropologue Robert Anderson, de l’université Simon-Fraser, s’inquiète-t-il de la " mentalité de gaspillage " qui règne aujourd’hui en Colombie-Britannique ? " On gaspille beaucoup, parce qu’on a confiance dans l’avenir. Nous avons le sentiment d’être riches, d’avoir des ressources en eau, en bois, en terres agricoles inépuisables. Tout cela est grave, on en a déjà des indices des pénuries futures, mais on ne veut pas les voir. " Pour l’heure, Vancouver pense qu’elle a l’avenir devant elle, et d’une certaine façon elle a raison. Même si le rythme de sa croissance se ralentit un peu, ce qui est déjà le cas, elle sait que ses ressources sont multiples. Ville de congrès de plus en plus réputée la Conférence mondiale sur le sida vient de s’y tenir debut juillet , elle a ses hôtels pleins à longueur d’année. L’industrie du film est en pleine expansion (c’est ici que sont tournés les épisodes de la série-culte X-Files, Aux frontière du réel) au point que bientôt, pense-t-elle, elle méritera le titre d’" Hollywood du Nord " ! Elle sait, en outre, qu’elle restera toujours une voie de passage essentielle. C’est là qu’aboutissent les voies de chemin de fer de l’autre bout du continent nord-américain, avec leurs chargements de blé, de charbon et autres minerais, avant de repartir par bateaux vers l’Asie et ailleurs. Déjà, le port de Vancouver dépasse en tonnage Los Angeles et San Francisco pour les exportations de vrac, et les croisières pour l’Alaska connaissent un succès foudroyant. L’aéroport, quant à lui, connaît une croissance vertigineuse depuis que le Canada a ratifié le traité " Ciels ouverts " en 1992, alors que le nombre de lignes sur les pays asiatiques est en augmentation constante. Vancouver mérite bien son étiquette consacrée de " porte d’entrée " sur l’Asie. A-t-elle pour autant la " folie des grandeurs ", comme l’affirme, un peu railleur, le journaliste Tony Wanless ? Pour lui, comme pour beaucoup d’autres observateurs, la ville continuera à se développer à condition qu’elle ne se repose pas sur ses succès. Mais, en tout état de cause, elle gardera une place assez limitée. Quelles que soient ses ambitions, elle n’a guère de chances de rivaliser, à moyen terme, avec des villes telles que Toronto ou Hongkong, ne serait-ce que par la taille relativement restreinte de sa population et l’étroitesse de son marché. Reste à savoir ce que feront d’elle tous ceux qui l’habitent et semblent avoir si peu de points communs. " Nous sommes les citoyens du futur. On est vraiment en train de créer quelque chose de nouveau, une population vraiment unique, difficile à imaginer en Europe, assure en souriant M. John Cruickshank, rédacteur en chef au Vancouver Sun, un journaliste unanimement respecté à Vancouver et considéré comme un humaniste. Bien sûr, il y aura toujours ici le sens du " business ", mais il y aura autre chose aussi. Les liens entre les gens ne seront plus de race ou de religion, par exemple, mais fondés sur d’autres valeurs, telles que la démocratie, le respect de l’individu, ou encore de la nature, et qui auront pour nous autant d’importance que la justice sociale, vous verrez... Et cette nouvelle définition du citoyen sera, quant à elle, satisfaisante pour les uns et les autres et surtout capable de les rassembler tous. Or c’est justement ce qui manque au Québec. "
Auteur : Florence Beaugé

Publié en août 1996 par "Le Monde Diplomatique"